Le bégaiement n’aura pas le dernier mot !

Le bégaiement n’aura pas le dernier mot !

Malgré son langage élaboré, il répète les mots, les sons ou les syllabes. Sa respiration et ses mouvements sont altérés quand il prend la parole. Le constat est clair : votre enfant bégaie. Face à cette difficulté, vous êtes prêts à tout mettre en œuvre pour lui venir en aide. Ce trouble de la fluence verbale, qui n’a aucun lien avec l’apprentissage du langage, touche environ 8 % des enfants entre 3 et 5 ans. Si dans 80 % des cas, le bégaiement disparaît spontanément, la persistance du trouble nécessite une consultation et un éventuel suivi. Concrètement, que faire ? Vers qui se tourner ? Comment mettre toutes les chances de son côté pour clouer le bec au bégaiement ? La réponse en 4 questions clés.

 Quand consulter ?

Lorsque les répétitions et les blocages de la parole de votre enfant deviennent compulsifs (certaines répétitions de lettre ou de syllabe peuvent aller de 3 à plus de 20 fois) et que vous constatez des gênes respiratoires, des pauses inutiles au milieu de certains mots ou des crispations du visage, vous pouvez conclure à une phase de bégaiement. Il s’agit dans la quasi-majorité des cas d’une période qui surgit entre 3 et 5 ans et qui prend fin en quelques mois avec une guidance parentale rigoureuse. Néanmoins, 20 % de ces enfants ne récupèrent pas leur liberté d’élocution. Pour ces enfants-là, il faudra intervenir pour éviter que le bégaiement ne s’installe.

Entre 3 et 4 ans, il est recommandé de consulter un orthophoniste au-delà de 6 mois de persistance du trouble. D’autant plus si un membre de la famille bégaie ou si les parents sont angoissés et affectés par ce handicap passager. Il est important également de ne pas laisser s’installer le trouble si l’enfant montre de l’embarras ou un évitement de prise de parole…

Si votre enfant a plus de 4 ans, il est recommandé de consulter dès l’apparition des troubles de l’élocution. En Effet, à cet âge-là, il est rare que le bégaiement disparaisse de lui-même sans une prise en charge.

Quel professionnel de santé traite le bégaiement ?

Pas d’hésitation : en cas de bégaiement, il faut consulter un orthophoniste. C’est un spécialiste des troubles de la parole et du langage. Il est également le praticien de référence pour traiter la dyslexie, la dyscalculie, la dysorthographie, le TDA/H, l’aphasie

Dans l’idéal, il convient de s’assurer que l’orthophoniste est spécialisé et formé pour prendre en charge le bégaiement. Effectivement, en comparaison avec les États-Unis, les formations sur ce type de trouble demeurent insuffisantes dans les universités françaises. Privilégiez donc un orthophoniste qui soit spécialisé dans ce domaine au moment de prendre rendez-vous. Une exigence à laquelle, hélas, certains déserts médicaux ne permettent pas de prétendre.

Pour pallier ce genre de problématique, la plateforme de téléconsultation ORA accompagne les familles dans la prise en charge orthophonique de leurs enfants, partout dans le monde. Une logistique 2.0 fondée sur la consultation en ligne de praticiens de santé. Des rendez-vous à la maison, des horaires flexibles, un choix du professionnel en fonction des troubles à traiter et une qualité similaire à une consultation en cabinet, favorise l’égalité des chances et un meilleur accès aux soins.

Quelles sont les méthodes de prise en charge ?

Le suivi orthophonique. Son objectif est clair : rendre la fluidité de parole à votre enfant. Au fil des séances, le professionnel va travailler sur l’expression des mots, puis des phrases jusqu’à l’obtention d’une fluidité totale dans les échanges conversationnels. Cela reste du cas par cas, selon l’âge et la durée du bégaiement. Plusieurs approches sont envisagées, mais le bégaiement reste un trouble qui se traite plutôt bien. Cacher le problème à l’enfant en essayant de le passer sous silence est donc inutile voir contreproductif

“le fait de parler des difficultés qu’il rencontre dans sa parole fait justement que ça ne devient pas un problème”

Élisabeth Vincent, orthophoniste

Lors de la première séance chez l’orthophoniste, les 2 parents et les éventuels frères et sœurs sont attendus. Le bilan débute par un examen de l’enfant et une évaluation de la sévérité du bégaiement. Durant cette séance qui s’étend entre 1 h et 1 h 30, le professionnel de santé va déterminer l’origine du trouble et va surtout s’entretenir avec les parents pour connaître le mode de fonctionnement de la famille au quotidien. Les questions vont être orientées vers la période où le bégaiement a commencé, l’attitude de l’entourage par rapport à cette difficulté…

À l’issue de ce bilan, l’orthophoniste établira des objectifs de prise en charge. Dans un premier temps, il va formuler des recommandations aux parents. Cette liste des DO/DON’T sera votre nouvelle marche à suivre pour aider votre enfant à libérer sa parole. Ces conseils sont accessibles à tous et assez simples à mettre en place à la maison.

Si les manifestations de gênes persistent, un suivi plus régulier sera proposé (avec des séances hebdomadaires).

 Quelle attitude adopter au quotidien ?

Prenez le temps : ralentir la cadence pour laisser votre enfant vivre à son rythme est souvent le meilleur des traitements contre le bégaiement et sans séquelles. Pour éviter tout ce qui peut favoriser le bégaiement, les parents vont devoir revoir leur rythme de vie, puis celui de leur débit de parole et enfin celui des activités. Le bégaiement est souvent la conséquence d’un enfant pressé par son entourage et débordé. Ainsi, la précipitation quotidienne aboutit à une précipitation du langage. Soyez un modèle pour votre enfant en parlant plus lentement, plus posément. Cela demande un effort de votre part, mais les histoires du soir sont un excellent exercice pour apprendre à poser votre voix et votre rythme.

“Parler aussi lentement paraît très peu naturel. Mais ce sont des ajustements temporaires, le but est de créer des conditions dans lesquelles l’enfant va pouvoir parler de façon fluide.

Marie-Eve Dumas, orthophoniste

Soyez indulgent : l’heure n’est pas à l’exigence ni à la perfection. Privilégiez le fond à la forme. Votre enfant a besoin de se sentir en situation de réussite. Dès lors, il faudra revoir votre niveau d’exigence et faire preuve d’indulgence face aux petites erreurs de langage et de formulation. Priorité à la fluidité et à la confiance en soi. S’il bute sur un mot, aidez votre enfant à terminer son mot ou sa phrase afin qu’il puisse continuer à s’exprimer et aller au bout de son discours. Devenez un interlocuteur actif et pas un inspecteur des fautes. L’important c’est que vous ayez compris ce qu’il a à vous dire.

Dédramatisez le problème : la meilleure façon de résoudre un problème est de le poser clairement. Faites de même avec votre enfant. Parler librement de son trouble et éviter ainsi d’en faire un sujet tabou. Plutôt que froncer les sourcils ou regarder un autre adulte au moment où votre enfant bégaie, poser des mots sur la situation avec bienveillance et empathie : « Mon chéri, on dirait que les mots ont du mal à sortir aujourd’hui. J’ai tout mon temps, je t’écoute, ne t’en fais pas. »

En privilégiant le « je » au « tu » car cela implique un effort supplémentaire à fournir pour l’enfant, notamment avec des phrases comme « tu devrais parler plus calmement », à éviter.

Tous ces conseils ainsi que ceux prodigués par l’orthophoniste doivent être expliqués aussi aux proches de l’enfant ainsi qu’à son enseignant. C’est d’ailleurs souvent le praticien qui prend contact avec le professeur de son petit patient pour lui expliquer la situation.

La bonne nouvelle, c’est que vous n’êtes pas coupables du bégaiement de votre enfant. L’origine et les causes de ce trouble montrent qu’il faut un terrain génétique pour qu’il se développe. La nouvelle encore meilleure, c’est que dans la grande majorité des cas, vous pouvez tordre le cou au bégaiement grâce à quelques nouvelles habitudes qui s’avèreront très vite bien agréables pour toute la famille.

 

2020-09-10T12:15:22+00:0010 septembre 2020|Orthophonie, Psychologie|
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