Rééducation orthophoniste : focus sur la dynamique de la relation

Rééducation orthophoniste : focus sur la dynamique de la relation

De tout temps, la frontière entre l’orthophonie et la psychothérapie est qualifiée de poreuse : en effet, la prise en charge orthophonique fait intervenir des phénomènes psychologiques, que ce soit au niveau du langage qu’au niveau de la relation qui s’instaure entre le professionnel et l’enfant. Cette dynamique relationnelle s’exerce au sein de deux théories de rééducation : la Pédagogie Relationnelle du Langage (PRL) et la Thérapie du Langage et de la Communication (TLC).

La Pédagogie Relationnelle du Langage (PRL)

À l’origine de la théorie de la PRL, un instituteur attaché aux enfants dyslexiques, Claude Chassagny. Malgré l’apport de technique, il constate que certains troubles se figent quand d’autres se déplacent. Dès lors, il choisit de faire prévaloir la relation dans la rééducation. Au croisement de la pédagogie, de la linguistique et de la psychanalyse, son approche s’adresse à tous les professionnels qui s’interrogent sur le sens de leur profession : éducateurs, psychomotriciens, assistants sociaux, orthophonistes…

Pour son créateur, l’acte PRL s’articule en 3 étapes :

  • La station: au début de la rééducation, l’enfant est reçu tel quel, sans interprétation.
  • La conciliation : ici, l’enfant renonce à des satisfactions pour en espérer d’autres. Il va s’exprimer sur ce qu’il veut.
  • L’expression: cette période renvoie à l’évolution de l’enfant en dehors de la séance d’orthophonie et conduit généralement à son envie de cesser les séances.

L’orthophoniste PRL ne peut pas préparer ses séances : avec ses techniques et sa créativité, il accompagne l’enfant, souvent surpris d’être considéré différemment. Généralement, il s’empare de ce nouvel espace et évolue avec l’aide des interventions pertinentes du professionnel.

La Thérapie du Langage et de la Communication (TLC)

Après avoir expérimenté la rééducation, la psychopédagogie et la psychanalyse, Marc Lindenfeld crée la TLC avec Geneviève Dubois et d’autres professionnels réunis au sein de l’ATHELEC (Association des Thérapeutes du Langage et de la Communication). Avec cette nouvelle approche, les troubles sont considérés comme un symptôme porteur de sens. Déjà, la rééducation est motivée par le symptôme…

Un acte TLC débute par un contrat verbal thérapeutique, qui détermine les objectifs, les méthodes et le cadre de travail. Ici, le professionnel est attentif à la demande du patient qui devient sujet – et non, objet de rééducation. Cette écoute favorise le lent cheminement de l’autre, par le biais de réponses adaptées. À noter que toute relation intersubjective (entre 2 sujets) est soumise à transfert : le reconnaître, c’est mieux percevoir la dynamique dans la relation thérapeutique, rester lucide et injecter des éléments contre-transférentiels.

 

Clairement positionnée entre l’orthophonie et la psychothérapie, la TLC répond à des symptômes relevant de ces 2 professions et ne pouvant être dissociés pour son traitement. La PRL vise, quant à elle, à la réciprocité dans la relation, qui est forcément déséquilibrée (rapport adulte/enfant et rapport professionnel/demandeur), en donnant une vraie place à l’expression de l’enfant. Dans tous les cas, ces deux théories placent le professionnel comme accompagnateur de la démarche de découverte propre à chaque enfant.

2022-05-05T11:56:06+00:005 mai 2022|Orthophonie|
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